"Après-midi" A.L., 123x164 cm, acrylique et huile sur toile de coton, 2019

Après-midi

« Après-midi »
A.L., 123×164 cm, acrylique et huile sur toile de coton, 2019

Après-midi

Et, aussi, et en sus, et envers,
Et contre,
Ces longs après midi, assez pauvres
Mais longs tout de même
Très beaux
D’or et de foutre mêlés
Dans le calme frais de quelques rayons
Cinq ou dix pas plus
Près des morts, surement.
Et aussi, encore que, accidentellement
Dans la paix factice
Le claquement de sandales en plastique
Avant le temps du travail
Après le temps du travail
Le gout creux de yaourts hors de prix
De biscuits trop sucrés,
De limonades sans citron
Le sang, vraiment, le sang
D’un corps livide qui ne sait ou se poser.
Et aussi, semble-t-il, qui sait,
Les ombres de lendemains sans fin
N’ayant eux mêmes pas de lendemain véritable,
Jetés comme de la peinture sur un mur blanc.
Et aussi, surtout, sans l’oublier,
Comme un jeune démon
Une gargouille agitée
Un dieu mineur
Le petit chien qui vous renifle inlassablement l’aine,
Du sucre et des prétextes.
Et, peut être, sans doute, par un fait exprès,
La vibration ténue d’un ordre
L’entendez-vous ?
Qui glisse dans les fissures d’un air,
Où volent les fleurs de bougainvillier.
Et pourtant, malgré tout, en dépit
De l’inertie extraordinaire d’un soleil
Qui refuse de se coucher
La terreur et le temps
Tous les deux, oui
Aux prises avec le monde, oui
Et alors, mais pourquoi, personne ne le sait,
La terreur rieuse
Le temps méchant
En suspens,
L’après midi
En contre-bas,
Les royaumes humains
Tout autour.
Difficile après-midi.

Jour Dit

Un jour, on se lève
Il faudrait…
On se dit qu’il faudrait.
On va à la fenêtre,
Comme ça
Par hasard
Et on s’arrête, interdit
Car dehors
C’est le jour
Le jour du Jour Dit
C’est écrit sur les arbres
Et sur les gens
Et sur les toits
Et sur les trottoirs
Et dans l’air
C’est le jour du Jour Dit
On ne l’attendait plus
Mais avec lui ne vient pas la joie
Tout juste le soulagement
Alors
On ouvre la bouche
Et on hurle longuement
D’autres types à leurs fenêtres
Hurlent aussi
Et les arbres
Et les gens
Et les toits
Et les trottoirs
Et l’air
Hurlent aussi
Car c’est le jour
Le jour du Jour Dit

Dimanche soir

Un parmi des millions

Des milliards

Qui ont lieu en même temps

Tous les dimanches soirs

Il y en a pour qui

Le dimanche soir

Ressemble au lundi

Ou au mardi

Ou au samedi

Soir.

Je dis, moi,

Que lorsque les mouches grésillent

Dans l’air bleu

Et que l’on entend au loin

Le cri de quelque bête

Et que la terreur

Secoue les arbres

Et que les fous

Se taisent enfin

C’est que l’on est bien

Dimanche soir.