Kaoutar C:
Ah vous revoilà, nous revoilà qui nous retrouvons. Chacun de nous est sur son nouveau rivage. Avons-nous souffert ces temps d’absence, entre notre première rencontre ; celle du premier numéro ? Peu, à ce que j’ai appris. Personne n’a été atteint dans sa chair, c’est-à-dire que personne n’a été malade, ou inculpé, personne ne blêmit dans un emprisonnement ou un autre, qui le concernerait directement. Nous n’avons pas enregistré de drame. Peut-être des mains visibles ou invisibles, ont trituré dans le noyau serré de nos familles à chacun, ou peut-être dans celui de nos amours. Mais nous ne nous disons pas tout, ce sont nos dégradations privées, et nous avons nos secrets, les écoulements troubles de nos pudeurs. Peut-être l’un ou l’une parmi nous évite-t-il un service militaire, et donc évite la frontière de son pays, peut-être l’autre crée-t-il un fantôme de lui-même pour que l’administration d’un pays croit à sa fidélité, tandis qu’il honore l’interstice comme il se doit : habite à Tunis ou à Casablanca et fait croire qu’il est à Paris, renouvelle ici et là ses autorisations à séjourner, donne des preuves de son amour. De nouveaux départs ont éclos, chacun de nous vibre seul dans sa nouvelle barque, et nos barques sont coquettes, c’est l’existence préservée que nous avons. Nous avons souffert peu ces temps d’absence et pour autant, maintenant que nous nous retrouvons, dans ce que nous allons secréter ensemble, il ne s’agira plus de nous seulement. C’est justement parce que nous sommes plusieurs, c’est à cause du fait d’avoir pour projet de mêler nos voix et de faire groupe. Cette fois-ci autour d’un Futur collectif, pour lequel nous avons agrégé de nombreux textes, et de nombreuses images.
Hend:
Mais penser le futur, alors qu’il ne s’est jamais fait aussi insaisissable qu’aujourd’hui me semble être le travail d’une vie. Chacune de nos discussions qui proposent d’y répondre font face à une impasse. Que doit-on exiger, que peut-on exiger du Futur ? Peut-être un avenir où il fera bon d’être Arabe. Où la pudeur, l’angoisse, qui souvent accompagnent la mise nue de nos passeports et autres papiers d’identités, disparaitront. Des jours plus insouciants, où les nouvelles seront meilleures. Se défaire de la peur qui s’est installée au plus profond de nous et qui nous répète sans cesse que demain sera peut-être pire, que rien n’est encore sûr.
Exiger un futur que l’on ne subira pas, mais que nous arriverons pour une fois à dompter.
Ce que je souhaite, ce que je nous souhaite, c’est un futur où l’on cesserait de fuir. Où l’envie et le besoin de partir, ne seront que de lointaines chimères. Où le sentiment d’appartenance à un tout dévorera le désir d’exil. Où l’Ailleurs ne sera plus fantasmé.
Où l’on se sentira enfin chez nous quelque part.
Kaoutar C:
J’avais d’abord été comme toi, animée d’espoir en réaction à cette consigne – “l’Arabe du Futur”. Mais ensuite je me suis lassée, je me suis sentie toute petite, incapable dans mon errement de femme seule à me bâtir les épaules pour une telle tâche. Tout cela est fatiguant à la fin. Aussi, toujours ce même goût politique dans cette consigne, de « hauts-les-cœurs » pour le futur et « en avant », sur une terre infertile.
Mais peut-être ne faut-il pas se méprendre sur notre projet : faire groupe autour de l’écriture… Il est politique, nous n’y échapperons pas. Dans l’idée, nous essayons de nous organiser pour que des écritures futures vivent, moins captives, témoins parmi les témoins, cailloux dans les gorges.
Bien sûr il ne faudrait pas non plus, absolument porter tout le Drame présent, et posséder tous les chemins de son intelligibilité. Dans ce projet-ci, nous serions de toutes les façons très arrogants, et je sais que vous êtes des travailleurs rétifs aux ambitions brutales. Nous ne les voyons pas d’un bon œil. Dedans de telles ambitions, il y a les levures de nos ennemis, les germes de ceux à qui on entend résister.
Il ne faut pas absolument être puissants pour cesser d’être impuissants. Au contraire, nous pouvons être par exemple, des monstres de fragilité, je le souhaiterais ; être une tâche nervurée et vulnérable, qui palpite parmi toutes les autres, qui ajuste l’émission de sa parole.
Youssef:
تخيل المستقبل مشروع تلزمه جرعة من الإيمان لا يستهان بها. الإيمان بأهمية ذلك المستقبل، ببداهة فكرة تخيله. يلزمه انخراط شعوري ما، تعلّق بما نريد تخيل مستقبله، كما في العلاقات الإنسانية.
وربما لم يعد لدي ما يلزم. بالكاد أحتمل ارتباطي بالحاضر.
كي أغامر بنفسي في أرض المستقبل، يجب أيضاً أن أؤمن بالتغيير. للأفضل أو للأسوأ لا يهم، لكن تغيير. ولا قدرة لدي بتكبّد ذلك الإيمان هو الآخر. كان كل ذلك موجوداً عندما أطلقنا تلك المبادرة، الإيمانات، في مكان صغير أمين بداخلي. لكن طرأ في حياتي وفي رؤيتي للأمور ما سلخ مني تلك القدرة كلياً. فبتُّ أرى التفكير في المستقبل فكرة سخيفة، أنأى بنفسي المتشائمة عنها، أترفع عنها بغرور. يكفيني الحاضر بألوانه الرمادية وسكونه المستفز وصمته الوقح وعنفه المُمنهَج وحلقاته المُفرَغة، المعادة. يستحوذ علي ويقبض علي بما يكفي من الإحكام لخنق الأحلام، حتى الكوابيس يمنع عني رفاهيتها.
مات الطموح فيّ موتاً بطيئاً، وشغر المكان لتنمو أنانيتي. توقفت عن الاكتراث بما يقع خارج مجال نفسي، وصرتُ بالكاد أحمل ألمي وتفاهته. ربما انقطع الاكتراث في بادئ الأمر كخيار عقلاني إزاء تفشّي الخراء، لكن الانقطاع استقر فيما بعد كأن لم يكن شيء من قبله قط.
رغم ذلك، أحياناً، أحياناً فقط، يبدو لي أن عدم اهتمامي كذبة مريحة اختلقتها لأزيد من متانة القوقعة التي أحتمي فيها من بطش الدنيا، عندما أحس بحرارة الاهتمام في مواقف ما، تفرض نفسها بلا استئذان وتواجهني بحقيقتها. ولكني أعود وأقاومها، وأبذل ما بوسعي للحفاظ على قوقعتي ورأب أي صدع ألمَّ بها.
أقوم بهذه العملية بعناية بالغة، بثبات دؤوب.
والآن، ونحن على وشك نشر هذا العدد، ينتابني شعور مبهم بالخزي من أنانيتي الجريحة، .بالعري والهشاشة، ولا رغبة لدي في الكلام
Malek:
Je me demande aussi, à quel point cette idée d’”Arabe du futur” laisse de la place à “nos” vies, là maintenant tout de suite. N’est ce pas encore une fuite ? On ne peut pas trop s’en vouloir de ne pas avoir envie de faire face au présent, il est à vomir. Celui qu’on dirait arabe aujourd’hui, c’est quelqu’un qui meurt en mer, ou dans un poste de police, dans un bombardement, dans une manifestation, ou encore qui meurt d’ennui, dans un pays qui ne lui appartient pas, et qu’il veut fuir par tous les moyens, ou se meurt lentement d’angoisse, dans un pays qui ne veut pas de lui, et qui prend plaisir à y élire quiconque chantera la haine des Arabes. Alors on se saisit du futur, et on l’investit, de tout ce qu’on souhaite, du progrès, de l’aisance à exister, de la décolonialité, peu importe en vérité. Une belle tranche de fantasmes. Tant qu’on peut éviter de regarder ce qui nous arrive. Mais “nos” vies, nos situations c’est sans doutes maintenant qu’il faut les regarder en face, à l’instant même où l’on cherche à voguer par l’esprit vers le futur.
Myriam:
We have all included a hidden “I”, shy, unsure of his presence, even sad. Mine would like to hide on a Tunis roof rather than write from afar about two things that already evade my restless “I”.
Where to begin? Where to end? Should we begin? Let us not write any endings and rather remain in the unsettled present, the beginning where forms are made, where clay takes a distorted shape, figures always in lack, always being made, while our hands drown against the mud.
We are speaking of futures. Speaking of jumping current time, running over crumbling bridges to invent another side. Did we get it all wrong? Was it just about now, about the presentenness of the now, where you are, how you are, who you are. After all, it was not about the future but rather today and the multiple repeated-déjà vus of the immediate. Did we throw the Arab of the present, because he was too close, too inmate, crawling from under our skins, haunting from behind our every steps. Did we get too scared of sharing bodies with his incessant winning, ghostly figure, and his perpetual nightmares?
Or it was satire, mad cravings for the future, when you are in the four-walls-no-door room of the now, from which nothing ever escapes.
Malek:
Un fantôme est sorti en ville aujourd’hui. Dans sa solitude, il s’est pris à écouter. Une femme chantonne au fond d’un café, seule dans le noir, ses cigarettes s’enchaînent, puis, au téléphone, elle raconte un millier de fois la même histoire : sa radine de colocataire a enfermé les épices à clé dans la ta9a pour qu’elle n’en fasse pas usage. Achète tes propres épices ! Et ton huile ! Tu gagnes de l’argent non ? À chaque fois qu’elle répète son récit, le fantôme grapille de nouveaux éléments. La colocataire radine n’est autre que sa mère, avec qui elle vit, mal, et qui ne cesse de se plaindre de sa fille à sa soeur. L’homme au téléphone est le mari de la tante, qu’elle veut convaincre avec sa version des faits. Plus tôt, le fantôme avait entendu, tandis qu’elle galérait avec le ruissellement de son kafteji, l’histoire d’une femme dont le frère la traînait en justice, elle et sa mère, pour des histoires d’argent. La mère, paraît-il regrette d’avoir toute sa vie voulu un fils pour finir avec un fils pareil, un fils qui lance les griffes de l’État sur elle. Voilà, la récolte d’un après-midi d’oreilles vidées de leur habituelle musique.
Lorsque je parle de “l’Arabe du Futur”, je dis “nos” vies. Par défaut. Parce que je refuse de dire “leurs” vies. “Leurs” vies à eux, là. Non, c’est pas possible. Je sais que nous ne nous confondons pas, que ça fait bien longtemps que je n’habite plus ce quartier de la ville, que je viens m’y promener, m’y souvenir de lueurs anciennes et d’éclat de rires partis se reposer sous la terre. J’habite plutôt un de ces immeubles, où l’on pose de lourdes portes en métal pour se protéger des voleurs mais aussi des mendiants “qui font peur”, à quémander jusqu’à votre porte, à s’approcher si près, si puissamment près.
Je refuse de dire “leurs”, parce qu’à la seconde où l’on dit “leurs”, on a déjà foutus des gens dans une cage, un peu comme à l’exposition coloniale. Mais “nos” vies, c’est aussi les dits miens, leurs doutes, leurs éclats de petitesse et leurs incompréhensions. “Nos” vies, là, dans toutes leurs éclosions, j’aimerais, m’y entortiller.
Kaoutar C:
Tu vois Malek, déjà, sur le fil de ta parole que je lis, de loin, il y a d’autres que toi qui s’agrègent. La mère, la sœur, le père, l’État, et ce fantôme qui est ton alter-ego. Et dans la danse qu’ils se mettent tous à faire, alors que je t’écoute parler, il y a bien d’autres qu’eux, qui s’agitent, dans l’ombre.
Je vous disais parfois : je préfère un projet d’écriture mort-né plutôt qu’une imagination qui se configure dans le cloître de mon nombril. Mais c’était pour dire que je voulais que nous nous concentrions, nous aussi, que nous redoublions d’attention. Alors même que ce n’est qu’à partir de notre vie que nous ne pourrons jamais écrire, au dedans même de sa trame, la présence des autres s’est agrégée, comme toutes ces voix au téléphone que tu as entendues. Les autres ont affleuré, nous les avons mémorisés, nous les avons repoussés, ou nous avons entrepris d’entrer avec eux dans l’abîme difficile du lien et de l’amour. Nous avons crevé des yeux, arraché des langues, dans toutes sortes de violences muettes. Cela est valable pour nos proches, mais aussi pour toutes ces présences lointaines que nous ne faisons que nous représenter.
J’ai alors compris comme cela, ce projet de “l’Arabe du Futur”. Nous devions activer les moyens d’être plus attentifs, dans le présent, pour préparer une lie plus fertile, dans laquelle nous serions moins borgnes à toutes ces présences. Cela serait un travail de persévérance, contre un certain démembrement qui est le projet de nos dirigeants pour nous.
Kaoutar G:
En vous invitant à penser l’Arabe du Futur, nous l’avions peu, voire pas, défini. Il pouvait être arabe ou ne pas l’être. L’être aujourd’hui mais ne pas l’être demain. Mais ne sommes-nous pas ici en train d’essayer de racheter un mot systématiquement utilisé par certains pour stigmatiser d’autres, pour les réduire au silence ? Ne sommes-nous pas en train de le rendre inclusif alors que dans nos pays il a été, et reste encore, exclusif ?
Je parlais avec un ami, un compatriote, qui me décrivait ce bout de terre que l’on disait nôtre. Il décrivait ses gens dans les montagnes et les campagnes, ses dialectes, ses prêches en chelḥa dans les mosquées. J’écoutais. Je découvrais ce que je pensais sincèrement connaître dans sa complexité et son hétérogénéité. Mais entre concevoir la diversité et l’expérimenter, il y a un gouffre. Un gouffre de non-dit, de non-su, de non-pensé.
Ce qui était défini dans notre invitation à écrire ensemble, c’était le “nous”. “Nous” penser, c’était ça l’idée. Et il est là le problème. Nous n’avons pas de mot pour nous désigner de façon juste en tant que collectif.
Que faire alors ? Serait-il plus prudent de ne pas dire « nous », d’écrire le strictement individuel en le pensant comme extrêmement spécifique ? Ou serions-nous là en train de tuer dans l’œuf l’écriture, la pensée et l’action ? Car oui, ces choses-là se font en groupe.
Je te rejoins ici Kaoutar C, alors que nous n’écrivons que de l’intérieur de nos vies, les autres s’y agrègent. Dans la violence muette que fait ici « l’Arabe du Futur » aux Amazighes et autres non-Arabes parmi nous, s’agrège le scandale d’un oubli historique.
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Kaoutar C:
Ah there you are, we finally meet again. Each of us is on his new shore. Have we suffered these absences, since our first acquaintance, at the time of our first issue ? Very little, from what I have learned. No one bore wounds in their own flesh, meaning no one got ill, or got convicted, none of us is fading away in their cell. We have not known of any tragedy. Maybe some visible or invisible hands fiddled with our close-knit families and our loved ones. But we do not say everything to each other, those are our private degradations, we do have our secrets, the murky flow of our squeamishness.
Maybe one of us is fleeing to avoid military service, carefully avoiding to cross the border of their own country. Maybe one of us is creating a shadow of themself so the administration of a country believes they are loyal, while they fill in as they should : live in Tunis or Casablanca and make believe they are elsewhere in Paris, renewing permits here and there, spreading proof of love. New beginnings have broken through, each of us is thriving alone in their new embarkation. We barely suffered these absences and yet, now that we reunite, in what we will produce together, it will not only be about us. Because we are many and because our project is to merge our voices and associate ourselves. This time around a collective future for which we have merged many texts, and many images.
Hend:
But to think of the future, when never before it has been more uncatchable, seems to me the work of a lifetime. Each of our conversations that try to answer these matters ends up in a dead end. What can we ask from the future ? Maybe one where being an Arab would be bearable. A future where the fear and panic that accompanies the handing of our IDs and passports would disappear. Freer days, with better news to hear. Freed from the fear that has moved into our deepest loins to endlessly repeat that tomorrow might be worse than today, that nothing we stand on can hold us. Summoning a future that we wouldn’t bare, that we would be able to tame. What I wish for, what I hope for, really, is a future where we would cease to run away. Where the need to leave would be nothing but distant chimera. Where a feeling of belonging to something would eat up the desire of exile. Where the elsewhere would not be a fantasy.
A future where we would feel home, somehow.
Kaoutar C:
First I was like you, filled with hope, in response to this instruction – « the Arab of the Futur ». But then I got worn out, I felt tiny, incapable of such as task. All of this is getting tiresome. This instruction is always tainted by politics, steadfast in a spoilt land.
But maybe we shouldn’t be mistaken by our project: to gather around writing…It is intrinsically political, we cannot resist this fact. We organize ourselves so that our words exist, less captive, so they testify.
Of course, we mustn’t bear the weight of these tragedies nor know all their intricacies. It would be very arrogant of us and I know how much you disregard writers with such brutal ambitions. These ambitions hold the catalyst for our enemies.
Needless to be completely powerful to stop being helpless. We could just be delicate monsters, I’d wish for that. Be innervated and vulnerable stains.
Youssef:
Imagining the future is a project that needs a considerable dose of faith. Faith seem essential for the future, for the idea of it. It requires a certain emotional attachment, it implies to imagine futurities the way human relations are crafted.
Perhaps I do not have what it takes anymore. I can barely bear the present anymore.
To be enchanted back into the future, I would need faith in change. Better or worse change, it does not matter as long as it is change. And I cannot bear this belief any longer. It was all there when I began this sketch, the faiths, believes, in a narrow corner where they entered me. And though it did leave my life and my vision of things its power was not completely stripped away. So I know believe thinking of the future is a poor idea and I distanced myself from it, flaunting away with pride. The present seems enough, in its greyish colours, provocative idleness, it’s insolent silences, it’s systemic violence, and its empty repetitive episodes. The present is encroaching with force enough to strangle my dreams and even my nightmares along the way.
My ambition of the future died within me a slow death as my selfishness grows instead in the freed empty space. I have stopped caring for what does not directly concern me, and I even barely hold my own pain and insignificance. Maybe this break of any engagement was interrupted from its inception, like a logical defence against the waves of shit but this rift is only taking place now as if nothing preceded it.
Despite all this, sometimes, and only sometimes, it seems that my lack of concern is only a confortable lie that I invent stronger each time, a shell to protect myself from the brutality of existence. But each time I feel the warmth of caring for a given situation, imposing itself without warning, and confronting me with its piece of truth. I then begin again to resist it, doing my best to keep my confortable shell of denial intact.
I do this operation thoroughly, carefully, consistently.
So now that we are about to publish this issue, I feel a vague impression of shame at my wounded selfishness, nakedness and fragility and no desire to speak.
Malek:
I also ask myself, to what point does this idea of “Arab of the Future” leave room to our lives in the here and now. Is it not yet another flight ? We cannot really blame ourselves for not wanting to face the present, for our present is quite disgusting. What we call “Arab” today is someone dying in the sea, or in a police station, in a bombing, in a protest. It is also someone dying with boredom, in a country that does not belong to him, nor to her, and that is to be left at all costs. An Arab can also be dying, slowly, of anxiety, in a country that rejects the very presence of Arabs, and that takes pleasure in electing anyone who threatens to throw them out. So yes, we grabbed futures, and we invested in them, we give them everything we ever dreamt of. Progress, decoloniality, welfare, it does not really matter ultimately. In the end, it is just a good piece of fantasies, to avoid looking at what is happening to us. But “our” lives, our situations, now, it is now that we need to look at them, at the very moment at which we try to run away towards the shores of the future.
Myriam:
We have all included a hidden “I”, shy, unsure of his presence, even sad. Mine would like to hide on a Tunis roof rather than write from afar about two things that already evade my restless “I”.
Where to begin? Where to end? Should we begin? Let us not write any endings and rather remain in the unsettled present, the beginning where forms are made, where clay takes a distorted shape, figures always in lack, always being made, while our hands drown against the mud.
We are speaking of futures. Speaking of jumping current time, running over crumbling bridges to invent another side. Did we get it all wrong? Was it just about now, about the presentenness of the now, where you are, how you are, who you are. After all, it was not about the future but rather today and the multiple repeated-déjà vus of the immediate. Did we throw the Arab of the present, because he was too close, too inmate, crawling from under our skins, haunting from behind our every steps. Did we get too scared of sharing bodies with his incessant winning, ghostly figure, and his perpetual nightmares?
Or it was satire, mad cravings for the future, when you are in the four-walls-no-door room of the now, from which nothing ever escapes.
Malek:
A ghost went to town today. In its solitude, it started eavesdropping. A woman is humming in the back room of a café, alone in the dark, smoking one cigarette after another. On the phone she tells the same story for the billionth time: her stingy roommate locked the spices in the closet so she wouldn’t use them. Buy your own spices! And your own olive oil! You earn money, right? Every time she tells this story, the ghost gleans new info. The stingy roommate is actually her mother, with whom she lives, miserably, and who ceaselessly complains about her daughter to her sister. The man on the phone is the aunt’s husband that she needs to convince of her side of the story. Earlier that day, while the woman was struggling with the oil runoff in her kafteji, the ghost heard the story of a woman and her mother, who were being sued by her own brother, because of some money issue. The mother regrets wanting a son so badly and ending up with this kind of boy. A son that throws the clutches of the state at her. There, this is the result of an afternoon emptied from its usual music. Oh yes, this is unlikeable, those earplugs you shove in your ears to say to the world ; I prefer my chants to yours, though they are constantly renewed. But never mind.
When I talk about “An Arab of the Future” and make mine this emptied etiquette of “Arab”, I say “our” lives. By default. Because I refuse to say “their” lives. “Their” lives, them, there. No, it’s impossible. I know that we do not mix, that we do not meet, that it has been years since I moved out of this part of town, that I only come for little walks, to remember old lights and old laughters that went to rest six feet under. I now live in one of those buildings where heavy metal doors are added to protect you from robbers but also beggars “that are scary”, as they beg at your door, that come so close, so powerfully close.
I refuse to say “their”, because at the second that one says “they”, people have been already put in a cage, a bit like in the exposition coloniale. But “our” lives, is also what “mines” are,their doubts, their bursts of littleness, their incomprehensions. “Our” lives, there, in all of their bloomings, I would like to twist myself in them.
Kaoutar C:
You see Malek already in the thread of words that I read from afar, there are others than you that aggregate. The mother, the sister, the father, the state and that ghost that is your alter-ego. And in that dance they have all begun to do, while I listen to you speak, there are many others too, restless in the darkness.
I told you at times: I prefer a writing project stillborn rather than an imagination that configures in the cloister of my navel.
Though it was to say that I wanted us to be focused too, twice as considerate. So it is only from our life that we will ever write, within its textures, the presence of others aggregated like the voices on the phone you heard. The others surfaced, we memorized them, we repelled them, or we began to enter with them in the onerous abyss of links and love. We blinded eyes; tear tongues in all sorts of mute violence. It is also valid for our close ones but also for all the far away presences that we only represent.
I understood as such, this project of the “Arab of the Future”. We had to unlock the means to be more attentive, in the present to prepare for more fertile dregs, to be less blinded towards all these presences. It will be a work of perseverance, against a certain dismembering, that being the project of our leaders against us.
Kaoutar G:
When we invited you to think of the Arab of the Future, we did not define it. He, she, it, could be Arab or not. Be it today and not tomorrow. But aren’t we trying here to give a word that has systematically been used to stigmatize and silence others a new virginity? Aren’t trying to make it inclusive when in our countries, it was and remains exclusive ?
I was talking to a friend the other day, a fellow Moroccan. He was describing to me pieces of lands, that, I was told, were ours. He described people in the mountains and in the fields, theirs dialects, their prayers in chelha in the mosques. I listened. I was discovering what I sincerely thought I knew already, in its complexity and heterogeneity. But between conceptualizing diversity and experimenting it, there is one hell of an abyss. An abyss of unsaid, of unthought.
What was defined in our invitation to write together was the “we”. “We” thinking, that was the idea. And there lies the problem. We do not have a word to designate ourselves righteously as a collective.
What to do then ? Would it be safer for us to not say “we”, to write about what is strictly individual while thinking of it as extremely specific ? Wouldn’t we be murdering writing, thought and action, right there in their small nest ? For yes, these things are done in group.
I agree with you here Kaoutar C, while we solely write from the insides of our lives, the others make their way in them. In the silent violence that this “Arab of the Future” inflicts on the Amazighi and other non-Arabs among us, the scandal of a historical oblivion makes its way towards us.
:كوثر ش
ها نحن ذا، نلتقي مرّة أخرى. كل منا على شطه الجديد. هل عانينا خلال هذا الغَيبة، ما بين أول لقاء لنا، لقاء العدد الأول؟ قليلاً، على حدّ علمي. لم يُصَب أيّ منا في بدنه، أي أنّ أحداً مّمن يخصّونه مباشرةً، أصابه مرض، أو أُدان، أو رمُي ليشحب جلده في سجن أو في آخر. لم نسجّل من مأساة. قد تكون أيادي مرئية أو غير مرئية، عبثت في نواة عائلاتنا الوطيدة، أو نواة علاقاتنا العاطفية. ولكننا لا نبوح لبعضنا بكل شيء، تلك مكابداتنا الخاصة، ولدينا أسرارنا، مياه حيائنا العكرة. قد يكون منا من يهرب من خدمة عسكرية ما، ولذا يتفادى حدود بلاده، أو من يختلق شبحاً لنفسه كي تقتنع إدارة بلد ما بإخلاصه، بينما يتعايش بين الثغرات كما ينبغي: يعيش في تونس أو الدار البيضاء ويحاول إيهامهم أنه في باريس، يجدد هنا وهناك تصاريح بقائه، يقدّم قرابين محبته. بزغت بدايات جديدة، كل منا يرتجف وحده في مركبه الجديد، ومراكبنا غَنجة، حيواتنا الصغيرة المصانة. عانينا قليلاً خلال أوقات الغياب هذه ولكن، الآن ونحن نلتقي من جديد، فيما سوف نفرزه سوياً، لن يتعلّق الأمر بنا وحدنا. وهذا يرجع تحديداً لكوننا كُثُر، لأننا جعلنا من دمج الأصوات وتكتيلها مشروعنا. تلك المرة حول مستقبل مُشترَك، جمعنا من أجله العديد من النصوص، والعديد من الصور.
:هند
لكن التفكير في المستقبل الذي لم يكن يوماً مبهماً بقدر ما هو مبهم الآن، يبدو لي عمل عُمْر. كل واحدة من محادثاتنا التي تتطرق إليه باءت بالفشل. بما علينا أن نطالب، بما يمكننا مطالبة المستقبل؟ ربما بمستقبل يكون فيه رغداً أن تكون عربياً. حيث يختفي الحياء والقلق اللذان يرافقان إظهار جوازات سفرنا ووثائق هويتنا الأخرى. بأيام نكون فيها أقل مبالاة، تكون فيها الأخبار أفضل. بالتحرر من الخوف الذي حط في أعماقنا، يكرر لنا باستمرار أن غداً قد يكون أسوأ، أن لا شيء مضمون بعد. المطالبة بمستقبل لن يُملى علينا، بل نتمكن لأول مرة من السيطرة عليه. ما أتمنّاه، ما أتمنّاه لنا، هو مستقبل نكفّ فيه عن الهروب. حيث لا تكون الرغبة في الذهاب والحاجة إليه إلّا أوهاماً بعيدة. حيث الشعور بأننا جزء من كيان واحد، يلتهم رغبة الرحيل. حيث لا تكون الغربة حلماً. حيث نجد مكاناً نشعر فيه أخيراً بالانتماء.
:كوثر ش
تحمستُ في البداية لهذه الفكرة، مثلك: عربي المستقبل. ولكني ما لبثتُ أن ضجرت، شعرتُ أني ضئيلة للغاية، عاجزة وسط تيهي كامرأة وحيدة عن شحذ همتي لمثل هذه المهمة. كل ذلك متعب، في النهاية. ودائماً نفس تلك النكهة السياسية، نكهة « شدوا العزم » للمستقبل و »إلى الأمام »، على أرض بور.
ولكن ربما يجدر بنا ألا نُغفلَ مشروعنا الأولي: أن نتجمع حول الكتابة… فهو سياسي، ولا مفر لنا من ذلك. نعمل لكي تحيا كتابات في المستقبل وتقاوم، لكي تخرج من أسرها، شاهدة وسط الشهود، عظامٌ يصعب قرقشتها.
بالتأكيد لا يجب كذلك أن نحمل على عاتقنا مأساة الحاضر برمتها، أن نمتلك كل المفاتيح لفك طلاسمها. في مشروع كالأخير، سنكون مغرورين جداً، وأعلم أنكم من هؤلاء الذين يرتابون من الطموحات الجامحة وروائحها. نحن أيضاً، ننظر إلها بحذر بالغ. بداخل مثل تلك الطموحات، توجد خميرة أعدائنا، بذور من نسعى للتصدي إليهم.
لا يجب إطلاقاً أن نصل إلى السلطة كي نكف عن كوننا عاجزين. بالعكس، يمكننا مثلاً أن نصبح وحوشاً من هشاشة، يروق لي ذلك؛ أن نصبح بقعة، ضعيفة، تنبض بين كل الأخريات، تضبط إلقاء كلمتها.
:يوسف
تخيل المستقبل مشروع يلزمه جرعة من الإيمان لا يستهان بها. الإيمان بأهمية ذلك المستقبل، ببداهة فكرة تخيله. يلزمه انخراط شعوري ما، تعلّق بما نريد تخيل مستقبله، كما في العلاقات الإنسانية.
وربما لم يعد لدي ما يلزم. بالكاد أحتمل ارتباطي بالحاضر.
كي أغامر بنفسي في أرض المستقبل، يجب أيضاً أن أؤمن بالتغيير. للأفضل أو للأسوأ لا يهم، لكن تغيير. ولا قدرة لدي بتكبّد ذلك الإيمان هو الآخر. كان كل ذلك موجوداً عندما أطلقنا تلك المبادرة، الإيمانات، في مكان صغير أمين بداخلي. لكن طرأ في حياتي وفي رؤيتي للأمور ما سلخ مني تلك القدرة كلياً. فبتُّ أرى التفكير في المستقبل فكرة سخيفة، أنأى بنفسي المتشائمة عنها، أترفع عنها بغرور. يكفيني الحاضر بألوانه الرمادية وسكونه المستفز وصمته الوقح وعنفه المُمنهَج وحلقاته المُفرَغة، المعادة. يستحوذ علي ويقبض علي بما يكفي من الإحكام لخنق الأحلام، حتى الكوابيس يمنع عني رفاهيتها.
مات الطموح فيّ موتاً بطيئاً، وشغر المكان لتنمو أنانيتي. توقفت عن الاكتراث بما يقع خارج مجال نفسي، وصرتُ بالكاد أحمل ألمي وتفاهته. ربما انقطع الاكتراث في بادئ الأمر كخيار عقلاني إزاء تفشّي الخراء، لكن الانقطاع استقر فيما بعد كأن لم يكن شيء من قبله قط.
رغم ذلك، أحياناً، أحياناً فقط، يبدو لي أن عدم اهتمامي كذبة مريحة اختلقتها لأزيد من متانة القوقعة التي أحتمي فيها من بطش الدنيا، عندما أحس بحرارة الاهتمام في مواقف ما، تفرض نفسها بلا استئذان وتواجهني بحقيقتها. ولكني أعود وأقاومها، وأبذل ما بوسعي للحفاظ على قوقعتي ورأب أي صدع ألمَّ بها.
أقوم بهذه العملية بعناية بالغة، بثبات دؤوب.
والآن، ونحن على وشك نشر هذا العدد، ينتابني شعور مبهم بالخزي من أنانيتي الجريحة، بالعري والهشاشة، ولا رغبة لدي في الكلام.
:ملاك
أتساءل أيضاً إلى أي مدى فكرة « عربي المستقبل » تلك تترك مجالاً لـ »حياتنا »، الآن في هذه اللحظة. أليس ذلك هروباً آخر؟ لا يمكننا كذلك أن نعتب على أنفسنا عدم رغبتنا في مواجهة الحاضر، فهو يسبب الغثيان. من نسميه عربياً اليوم، هو شخص يموت في البحر، أو في قسم شرطة، أو في تفجير، أو في مظاهرة، أو حتى من الزهق، في بلد ليس ببلده، يرغب في الفرار منه بأي شكل، أو يموت ببطء من الخوف، في بلد لا يرغب فيه، ويجد لذة في انتخاب على رأسه من يتشدق بكره العرب. إذن نتشبث بالمستقبل، نستثمر فيه، بكل ما نتمنى، بالتقدم، بسهولة العيش، بتخطي الاستعمار، بأي شيء لا يهم. حفنة معتبَرة من الأوهام والأماني. طالما نستطيع أن نتفادى رؤية ما يحدث لنا. ولكن « حياتنا »، ظروفنا، فالآن بلا شك هو الوقت كي نواجهها، الآن بالذات بينما نهيم على وجوهنا في سرابات المستقبل.
:مريم
أدرجنا جميعاً في نصوصنا « أنا » مستترة، خجولة، غير واثقة من وجودها، حتى حزينة. « أنا »ـي أنا تود أن تختبئ على سطح في تونس عوضاً عن الكتابة من بعيد عن شيئين يفلتان من قبضة « أنا »ـي القلوقة.
أين نبدأ؟ أين ننتهي؟ هل يجب أن نبدأ؟ دعنا لا نكتب أي نهايات ونمكث بالأحرى في ذلك الحاضر المضطرب، البداية حيث تُخلق الأشكال، حيث يتخذ الطين هيئة معوجة، أشكالاً ناقصة، دائماً في طور الخلق، بينما تغرق أيدينا في الوحل.
نتحدث عن المستقبل، احتمالاته. نتحدث عن القفز عبر الزمن، عن الجري فوق جسور تنهار لاختراع جهة أخرى. هل خاننا التقدير كلياً؟ هل كان الأمر يتعلق بالآن، بما فيه من « حاضرية »، بأين تتواجد، بكيف تسير أمورك، بمن تكون. في النهاية، لم يكن الأمر يتعلق بالمستقبل بل باليوم والمشاهد العديدة والمتكررة لما نراه كل يوم. هل رمينا عربي الحاضر، لأنه كان قريباً للغاية، حبيساً للغاية، ينسلّ من تحت جلودنا، يسكننا في كل خطوة. هل جزعنا أمام فكرة أن نتشارك الأجساد مع شبحه الغلّاب، الذي لا يكل، وكل كوابيسه الأبدية؟ أم إنها كانت تخيلات ساخرة، نشتهي فيها المستقبل بمجون، بينما نتخبط ما بين الجدران الأربعة لزنزانة الحاضر التي لا باب لها، التي لا يهرب منها شيء أبداً.
:ملاك
خرج شبح في المدينة اليوم. في وحدته، أخذ يسترق السمع. سيدة تدندن في قاع المقهى، وحدها في الظلام، توالت سجائرها، وعلى التليفون، تروي ذات القصة للمرة الألف: رفيقة سكنها البخيلة أقفلت على البهارات بالمفتاح في الخزانة كيلا تستخدمها. اشتري بهاراتك! وزيتك! تكسبين المال، أليس كذلك؟ في كل مرة تردد حكايتها، يلتقط الشبح عناصر جديدة. رفيقة سكنها البخيلة هي في الحقيقة أمها التي تعيش معها بصعوبة والتي لا تكف عن الاشتكاء من ابنتها لأختها. الرجل التي تتحدث إليه على التليفون هو زوج خالتها، التي تحاول أن تقنعه بروايتها. في هذا اليوم، بينما كانت تعاني من انسيال الزيت من الكفتاجي، سمع الشبح قصة امرأة، قاضاها أخيها، هي وأمها لأسباب متعلقة بالمال. الأم على ما يبدو تندم على رغبتها طوال عمرها في ولد لكي يؤول بها المطاف إلى هذا الإبن الذي أطلق قبضة الدولة عليها. وها هو حصاد بعد ظهرية يوم جُرِّدت فيها الأذان من موسيقاها المعتادة.
عندما أتحدث عن « عربي المستقبل »، وآخذ على عاتقي ذلك الملصق المجرَّد من « عربي »، أقول « حياتنا »، تلقائياً. لأني أرفض أن أقول حياتهم. حياتهم هم. لا هذا مستحيل. أعلم اننا ندرك تماماً ما يفرقنا، وأني لم أعد أسكن في هذا الحي من المدينة منذ زمن، أني آتي إليه لأتنزه، لأتذكر بريقاً قديماً وضحكات متناثرة رحلت لترقد تحت الأرض. بالأحرى أسكن أحد تلك المباني حيث تُشيَّد البوابات الحديدية الثقيلة لكي نحتمي من اللصوص ولكن أيضاً من أولئك الشحاذين الذين « يبثون الرعب في القلوب »، يستَجْدون حتى بابك، يقتربون بشدة، يقتربون أكثر من اللازم.
أرفض أن أقول « حياتهم »، لأننا حالما نقول « حياتهم »، نرمي بأناس في قفص، كما في معرض استعماري. أما بقول « حياتنا »، أشعر فيها بانتمائي لهم، بارتباطي بشكوكهم، بضآلتهم أحياناً، وعدم فهمهم للأشياء. إنها « حياتنا »، ها هنا، في كل صورها، أود أن أنخرط فيها.
:كوثر ش
أترين يا ملاك، ألمس في سيل حديثك، من بعيد، أن آخرين غيرك ينضمون. الأم والأخت والأب والدولة وذاك الشبح الذي هو ذاتك الأخرى. وفي تلك الرقصة التي يؤدون جميعاً، وأنا أستمع إليك، هناك آخرون غيرهم يتذبذبون في الظل.
كنت أقول لكم أحياناً: أفضل مشروع كتابة ميت-حي على مخيلة تتشكل في دير زكرتي.
كان قصدي أن نركز، نحن أيضاً، أن نمعن النظر. وإن كنا لن نكتب أبداً إلّا من داخل حياتنا بل من داخل حبكتها، وجود الآخرين سيكون قد اندمج فيها، مثل كل تلك الأصوات التي سمعتها في الهاتف. أطلّ الآخرون، دخلوا في ذكرياتنا، صددناهم، أو قررنا أن ندخل معهم في فجّة الرابطة والحب الصعبة. فقأنا عيوناً واقتلعنا ألسنةً في مجموعة من أنواع العنف الصامت. هذا ينطبق على أقربائنا، ولكن أيضاً على كل تلك الكيانات البعيدة التي نكتفي بتخيلها.
هكذا فهمت مشروع « عربي المستقبل ». كان علينا تنشيط الوسائل كي نكون يقظين أكثر، في الحاضر، لتهييء خثار أكثر خصوبة نكون فيه أقل عماءً تجاه كل هذه الكيانات. سيكون هذا عمل اصطبار ضد تفكيك هو مشروع حكامنا لنا.
:كوثر غ
في دعوتنا إيّاكم للتفكير في عربي المستقبل، لم نعرّفه إلّا قليلاً، بل لم نعرّفه على الإطلاق. كان ممكناً أن يكون عربياً أو لا يكون. أن يكون عربياً اليوم ويكفّ غداً. لكن، ألسنا هنا نحاول تلميع كلمة استعملها بعضهم بطريقة منهجية لوصم آخرين، لثنيهم عن الكلام؟ ألسنا نحاول أن نجعلها تحوي الجميع في حين أنّها كانت، ولا تزال، في بلداننا تقصي الكثيرين؟
كنت أتحدث مع صديق من بلدي يصف لي بقعة الأرض التي نسميها بلدنا. كان يصف ناسها في الجبال والقرى، لهجاتها، خطب مساجدها بـ »الشلحة ». كنت أصغي إليه وأكتشف ما كنت أظنني بصدق أعرفه في تعقيداته وتعدّدياته. لكن، شتّان ما بين أن تتصوّر التنوّع وأن تعيشه. بينهما خواء من اللا مفصَح عنه، من اللا معلوم، من اللا مفكّر فيه.
لم يكن معرّفاً في دعوتنا للكتابة معاً سوى الـ « نحن ». أن نفكر في ما « نحن »، كانت تلك فكرتنا. وهنا تكمن المشكلة. نحن لا نملك كلمة تشير إلينا بما نحن جماعة بشكل حق.
ما العمل إذاً؟ أيجدر بنا أن نكون أكثر حذراً، ألا نقول « نحن »، أن نكتب ونفكر بما نحن مجرد أفراد شديدي الخصوصية؟ أم أننا، إن فعلنا، وأدنا في مهدها الكتابة والفكر والعمل؟ ذلك أن تلك أمور لا نقوم بها إلا جماعةً.
أضم صوتي إلى صوتك يا كوثر ش، في حين أننا نكتب من داخل حيواتنا، إلا أن آخرين ينضمون. في العنف الأخرس الذي يمارسه هنا « عربي المستقبل » ضد الأمازيغ وغيرهم من غير العرب منا، تنضم فضيحة نسيان تاريخي.
Kaoutar C :
Ah vous revoilà, nous revoilà qui nous retrouvons. Chacun de nous est sur son nouveau rivage. Avons-nous souffert ces temps d’absence, entre notre première rencontre ; celle du premier numéro ? Peu, à ce que j’ai appris. Personne n’a été atteint dans sa chair, c’est-à-dire que personne n’a été malade, ou inculpé, personne ne blêmit dans un emprisonnement ou un autre, qui le concernerait directement. Nous n’avons pas enregistré de drame. Peut-être des mains visibles ou invisibles, ont trituré dans le noyau serré de nos familles à chacun, ou peut-être dans celui de nos amours. Mais nous ne nous disons pas tout, ce sont nos dégradations privées, et nous avons nos secrets, les écoulements troubles de nos pudeurs. Peut-être l’un ou l’une parmi nous évite-t-il un service militaire, et donc évite la frontière de son pays, peut-être l’autre crée-t-il un fantôme de lui-même pour que l’administration d’un pays croit à sa fidélité, tandis qu’il honore l’interstice comme il se doit : habite à Tunis ou à Casablanca et fait croire qu’il est à Paris, renouvelle ici et là ses autorisations à séjourner, donne des preuves de son amour. De nouveaux départs ont éclos, chacun de nous vibre seul dans sa nouvelle barque, et nos barques sont coquettes, c’est l’existence préservée que nous avons. Nous avons souffert peu ces temps d’absence et pour autant, maintenant que nous nous retrouvons, dans ce que nous allons secréter ensemble, il ne s’agira plus de nous seulement. C’est justement parce que nous sommes plusieurs, c’est à cause du fait d’avoir pour projet de mêler nos voix et de faire groupe. Cette fois-ci autour d’un Futur collectif, pour lequel nous avons agrégé de nombreux textes, et de nombreuses images.
Hend :
Mais penser le futur, alors qu’il ne s’est jamais fait aussi insaisissable qu’aujourd’hui me semble être le travail d’une vie. Chacune de nos discussions qui proposent d’y répondre font face à une impasse. Que doit-on exiger, que peut-on exiger du Futur ? Peut-être un avenir où il fera bon d’être Arabe. Où la pudeur, l’angoisse, qui souvent accompagnent la mise nue de nos passeports et autres papiers d’identités, disparaitront. Des jours plus insouciants, où les nouvelles seront meilleures. Se défaire de la peur qui s’est installée au plus profond de nous et qui nous répète sans cesse que demain sera peut-être pire, que rien n’est encore sûr.
Exiger un futur que l’on ne subira pas, mais que nous arriverons pour une fois à dompter.
Ce que je souhaite, ce que je nous souhaite, c’est un futur où l’on cesserait de fuir. Où l’envie et le besoin de partir, ne seront que de lointaines chimères. Où le sentiment d’appartenance à un tout dévorera le désir d’exil. Où l’Ailleurs ne sera plus fantasmé.
Où l’on se sentira enfin chez nous quelque part.
Kaoutar C :
J’avais d’abord été comme toi, animée d’espoir en réaction à cette consigne – “l’Arabe du Futur”. Mais ensuite je me suis lassée, je me suis sentie toute petite, incapable dans mon errement de femme seule à me bâtir les épaules pour une telle tâche. Tout cela est fatiguant à la fin. Aussi, toujours ce même goût politique dans cette consigne, de « hauts-les-cœurs » pour le futur et « en avant », sur une terre infertile.
Mais peut-être ne faut-il pas se méprendre sur notre projet : faire groupe autour de l’écriture… Il est politique, nous n’y échapperons pas. Dans l’idée, nous essayons de nous organiser pour que des écritures futures vivent, moins captives, témoins parmi les témoins, cailloux dans les gorges.
Bien sûr il ne faudrait pas non plus, absolument porter tout le Drame présent, et posséder tous les chemins de son intelligibilité. Dans ce projet-ci, nous serions de toutes les façons très arrogants, et je sais que vous êtes des travailleurs rétifs aux ambitions brutales. Nous ne les voyons pas d’un bon œil. Dedans de telles ambitions, il y a les levures de nos ennemis, les germes de ceux à qui on entend résister.
Il ne faut pas absolument être puissants pour cesser d’être impuissants. Au contraire, nous pouvons être par exemple, des monstres de fragilité, je le souhaiterais ; être une tâche nervurée et vulnérable, qui palpite parmi toutes les autres, qui ajuste l’émission de sa parole.
Youssef :
Imaginer le futur est un projet qui exige une dose de croyance non négligeable. Croyance en l’importance de ce futur, et croyance en la pertinence du projet même de s’y projeter. Imaginer un futur exige aussi une sorte d’engagement émotionnel au sens fort, un peu comme c’est le cas dans les relations humaines.
Peut-être que je n’en suis pas capable, impuissant devant cette tâche. A peine si je supporte d’être accroché au présent.
Pour que je m’aventure sur les terres du futur, il me faudrait aussi pouvoir croire en un changement possible. Pour le meilleur ou pour le pire, peu importe. Cette croyance aussi, je suis incapable de la souffrir. Je conservais un peu de ces espoirs-là, au début de notre projet, tout à l’intérieur de moi, dans un petit recoin abrité. Ces derniers temps, je m’en suis totalement dépossédé, comme si un arrachement les avait oblitérés de ma vie, et du regard-même que je porte sur les choses. Penser au futur est maintenant pour moi une idée ridicule, je la dédaigne avec arrogance, je place mon esprit pessimiste au-dessus d’elle. Le présent me suffit, avec ses couleurs grises, son immobilité provocante, son silence impertinent, sa violence préméditée, et ses cercles évidés, redondants . Il m’accapare, me bride avec suffisamment de férocité pour que mes rêves étouffent. Il me prive même du divertissement de mes cauchemars.
L’ambition du futur est morte dedans moi d’une mort lente. Mon égoïsme croît à l’intérieur de l’espace vacant qu’elle libère. Je ne me préoccupe plus de rien qui ne me concerne pas directement, c’est à peine si je porte mes douleurs et leur insignifiance. Peut-être que la coupure de tout engagement a cessé dès le commencement, comme une défense rationnelle contre le déferlement du merdier à venir, mais cette coupure prend place maintenant comme si rien ne l’avait jamais précédée.
Malgré tout, par moments, mais par moments seulement, il me semble que ma désinvolture n’est qu’un mensonge confortable que j’invente pour rendre la bulle dans laquelle je me protège de la brutalité de l’existence, plus solide encore. Je me remets alors à sentir la chaleur de la préoccupation pour une situation donnée, s’imposant sans permission et me confrontant à sa part de vérité. Mais je recommence à y résister, je fais de mon mieux pour conserver ma bulle intacte.
Je recommence cette opération avec un soin exagéré, posé et docile.
Et maintenant que nous sommes sur le point de lancer ce numéro, un sentiment de dégoût me traverse à l’égard de mon égoïsme blessé. Je me sens nu et fragile, et je n’ai plus envie de parler.
Malek :
Je me demande aussi, à quel point cette idée d’”Arabe du futur” laisse de la place à “nos” vies, là maintenant tout de suite. N’est ce pas encore une fuite ? On ne peut pas trop s’en vouloir de ne pas avoir envie de faire face au présent, il est à vomir. Celui qu’on dirait arabe aujourd’hui, c’est quelqu’un qui meurt en mer, ou dans un poste de police, dans un bombardement, dans une manifestation, ou encore qui meurt d’ennui, dans un pays qui ne lui appartient pas, et qu’il veut fuir par tous les moyens, ou se meurt lentement d’angoisse, dans un pays qui ne veut pas de lui, et qui prend plaisir à y élire quiconque chantera la haine des Arabes. Alors on se saisit du futur, et on l’investit, de tout ce qu’on souhaite, du progrès, de l’aisance à exister, de la décolonialité, peu importe en vérité. Une belle tranche de fantasmes. Tant qu’on peut éviter de regarder ce qui nous arrive. Mais “nos” vies, nos situations c’est sans doutes maintenant qu’il faut les regarder en face, à l’instant même où l’on cherche à voguer par l’esprit vers le futur.
Myriam :
Nous avons tous caché un « Je », embarrassé, incertain de sa présence, triste même. Le mien voudrait se cacher sur un toit de Tunis, plutôt que d’écrire au loin sur ces deux filaments qui s’échappent toujours des mains de mon « Je » sans repos.
Où commencer ? Où finir ? Devrions-nous commencer ? N’écrivons aucune fin, et tentons plutôt de rester dans le présent fuyant, cette aurore où se modèlent les formes, où se tord la terre, accouchant de figures inachevées et chancelantes, tandis que nos mains se noient contre la boue.
Nous parlons d’avenirs. Nous parlons de sauts par delà notre temps, de course essoufflée sur des ponts dévastés pour inventer une autre rive. Nous sommes-nous trompés ? S’agissait-il de « maintenant », de la présence de « maintenant » ? Où es-tu ? Comment vas-tu ? Qui es-tu ? Après tout, il ne s’agissait pas d’avenir mais plutôt d’aujourd’hui et sa multiplicité de déjà vu de l’immédiat.
Avons-nous jeter l’Arabe du présent, parce que trop proche, trop intime, rampant sous nos peaux, hantant nos arrières à chacun de nos pas. Avons-nous eu trop peur de partager nos corps avec son incessante figure gagnée par les fantômes, hantée par les cauchemars ? Où était-ce une simple satire, une faim folle d’avenir, du cœur de nos aujourd’hui à quatre murs privés de porte où rien ne peut jamais s’échapper ?Malek :
Un fantôme est sorti en ville aujourd’hui. Dans sa solitude, il s’est pris à écouter. Une femme chantonne au fond d’un café, seule dans le noir, ses cigarettes s’enchaînent, puis, au téléphone, elle raconte un millier de fois la même histoire : sa radine de colocataire a enfermé les épices à clé dans la ta9a pour qu’elle n’en fasse pas usage. Achète tes propres épices ! Et ton huile ! Tu gagnes de l’argent non ? À chaque fois qu’elle répète son récit, le fantôme grapille de nouveaux éléments. La colocataire radine n’est autre que sa mère, avec qui elle vit, mal, et qui ne cesse de se plaindre de sa fille à sa soeur. L’homme au téléphone est le mari de la tante, qu’elle veut convaincre avec sa version des faits. Plus tôt, le fantôme avait entendu, tandis qu’elle galérait avec le ruissellement de son kafteji, l’histoire d’une femme dont le frère la traînait en justice, elle et sa mère, pour des histoires d’argent. La mère, paraît-il regrette d’avoir toute sa vie voulu un fils pour finir avec un fils pareil, un fils qui lance les griffes de l’État sur elle. Voilà, la récolte d’un après-midi d’oreilles vidées de leur habituelle musique.
Lorsque je parle de “l’Arabe du Futur”, je dis “nos” vies. Par défaut. Parce que je refuse de dire “leurs” vies. “Leurs” vies à eux, là. Non, c’est pas possible. Je sais que nous ne nous confondons pas, que ça fait bien longtemps que je n’habite plus ce quartier de la ville, que je viens m’y promener, m’y souvenir de lueurs anciennes et d’éclat de rires partis se reposer sous la terre. J’habite plutôt un de ces immeubles, où l’on pose de lourdes portes en métal pour se protéger des voleurs mais aussi des mendiants “qui font peur”, à quémander jusqu’à votre porte, à s’approcher si près, si puissamment près.
Je refuse de dire “leurs”, parce qu’à la seconde où l’on dit “leurs”, on a déjà foutus des gens dans une cage, un peu comme à l’exposition coloniale. Mais “nos” vies, c’est aussi les dits miens, leurs doutes, leurs éclats de petitesse et leurs incompréhensions. “Nos” vies, là, dans toutes leurs éclosions, j’aimerais, m’y entortiller.
Kaoutar C :
Tu vois Malek, déjà, sur le fil de ta parole que je lis, de loin, il y a d’autres que toi qui s’agrègent. La mère, la sœur, le père, l’État, et ce fantôme qui est ton alter-ego. Et dans la danse qu’ils se mettent tous à faire, alors que je t’écoute parler, il y a bien d’autres qu’eux, qui s’agitent, dans l’ombre.
Je vous disais parfois : je préfère un projet d’écriture mort-né plutôt qu’une imagination qui se configure dans le cloître de mon nombril. Mais c’était pour dire que je voulais que nous nous concentrions, nous aussi, que nous redoublions d’attention. Alors même que ce n’est qu’à partir de notre vie que nous ne pourrons jamais écrire, au dedans même de sa trame, la présence des autres s’est agrégée, comme toutes ces voix au téléphone que tu as entendues. Les autres ont affleuré, nous les avons mémorisés, nous les avons repoussés, ou nous avons entrepris d’entrer avec eux dans l’abîme difficile du lien et de l’amour. Nous avons crevé des yeux, arraché des langues, dans toutes sortes de violences muettes. Cela est valable pour nos proches, mais aussi pour toutes ces présences lointaines que nous ne faisons que nous représenter.
J’ai alors compris comme cela, ce projet de “l’Arabe du Futur”. Nous devions activer les moyens d’être plus attentifs, dans le présent, pour préparer une lie plus fertile, dans laquelle nous serions moins borgnes à toutes ces présences. Cela serait un travail de persévérance, contre un certain démembrement qui est le projet de nos dirigeants pour nous.
Kaoutar G :
En vous invitant à penser l’Arabe du Futur, nous l’avions peu, voire pas, défini. Il pouvait être arabe ou ne pas l’être. L’être aujourd’hui mais ne pas l’être demain. Mais ne sommes-nous pas ici en train d’essayer de racheter un mot systématiquement utilisé par certains pour stigmatiser d’autres, pour les réduire au silence ? Ne sommes-nous pas en train de le rendre inclusif alors que dans nos pays il a été, et reste encore, exclusif ?
Je parlais avec un ami, un compatriote, qui me décrivait ce bout de terre que l’on disait nôtre. Il décrivait ses gens dans les montagnes et les campagnes, ses dialectes, ses prêches en chelḥa dans les mosquées. J’écoutais. Je découvrais ce que je pensais sincèrement connaître dans sa complexité et son hétérogénéité. Mais entre concevoir la diversité et l’expérimenter, il y a un gouffre. Un gouffre de non-dit, de non-su, de non-pensé.
Ce qui était défini dans notre invitation à écrire ensemble, c’était le “nous”. “Nous” penser, c’était ça l’idée. Et il est là le problème. Nous n’avons pas de mot pour nous désigner de façon juste en tant que collectif.
Que faire alors ? Serait-il plus prudent de ne pas dire « nous », d’écrire le strictement individuel en le pensant comme extrêmement spécifique ? Ou serions-nous là en train de tuer dans l’œuf l’écriture, la pensée et l’action ? Car oui, ces choses-là se font en groupe.
Je te rejoins ici Kaoutar C, alors que nous n’écrivons que de l’intérieur de nos vies, les autres s’y agrègent. Dans la violence muette que fait ici « l’Arabe du Futur » aux Amazighes et autres non-Arabes parmi nous, s’agrège le scandale d’un oubli historique.
Editorial, untranslated – The Arab of the Future
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