Souvent ça se passe la nuit.
Ça peut être la nuit glacée du Nord, celle où l’on allume le chauffage.
Ça peut être aussi la nuit d’été, celle qui a osé se rafraîchir
mais que les cigales pétrissent toujours de leurs chants.
Des grappes d’arabes qui se rassemblent dans la nuit.
Ils écoutent.
Ils écoutent toujours la même chose.
Ils lâchent des soupirs qui s’égarent dans la brise.
Ils se prélassent quelques fois.
Et sentent leurs coeurs se serrer.
Dans la nuit glacée du Nord, leurs corps engourdis frémissent.
Ils écoutent.
Des voix.
Toujours les mêmes voix.
Doucement, la chaleur s’aventure. Elle se fait murmure.
Dans la nuit des cieux rougis, leurs corps respirent.
Ils écoutent.
Des voix.
Toujours les mêmes voix.
Et pendant un instant, le temps est bâillonné.
Les nuits se multiplient.
Toujours les mêmes.
Les grappes d’Arabes s’exilent en elles.
Il y a des mers et des terres entre leurs maisons.
Elles se ressemblent pourtant, les mêmes murs hauts les cloisonnent.
Rassemblant leurs désirs d’échappées.
Aller loin. Marcher vite. Pleurer, parfois. Mais toujours revenir.
Vers ces nuits.
Les aimer de tous les saouls.
Y revenir.
Piteusement.
Triturer ses béances.
En quête d’une once de plaisir.
Ensemble.
Ils savourent.
La magie d’une langue frappant à toutes les bouches.
Le temps d’une nuit, ils sont unis.
Autour du feu de leurs peines.
Autour des grains de leurs plaisirs.
Pourtant ils savent.
Que demain sans doute les fracassera.
Qu’il n’en restera que la poussière.
Ce ne sont après tout que des nuits.
Qui retombent. S’éparpillent.