Hier je sombrais dans un rêve merveilleux
Un songe féérique
Le retour au début de l’âge
Tu portais ta robe blanche
Tes yeux brillaient et joyeusement
Tu chantais :
«Et l’arbre mon double me réveilla
Pour me murmurer à l’oreille
Ses louanges intérieures»
Dans la maison une lumière douce
Une ambiance de fête
Tu préparais la cérémonie du thé :
L’eau bouillante
La petite boite à thé
Le plateau
Le petit marteau
Le pain de sucre
La petite théière bariolée
Les verres colorés
La menthe humide.
À te voir mon cœur de bonheur frémissait
Je m’agrippais à toi
Tu m’étreignais longuement
Tu fredonnais mon nom
Et je sentais au plus profond de mon âme
Ton petit corps frêle
Senteur du paradis
Fleur d’oranger qui enivre
Le début de la vie
L’émerveillement des sens
Hier j’ai traversé le temps
Pour aller à ta rencontre
Dans cette petite maison
Je t’ai retrouvée dans toute ta splendeur
Dans toute ta fragilité.
Mère, ma racine primitive
Mon premier corps
L’étoile de mon ciel intérieur
Tourterelle égarée de mes défaillances
La douce mélancolie dans ta voix
Tissait mes rêves
Me remplissait d’espoir
Me berçait dans mes nuits de solitude.
«Et l’arbre mon double me tendit la main :
Viens, ton enfant nous attend
Impatiemment, éperdument
De l’autre côté du miroir»