© Sarah Troudi

Quatre courts poèmes

  • tu frémis. à chaque fois que tu frémis en passant devant un policier, de peur d’un énième « accident » ou « bavure », souviens-toi que tes ancêtres te vengeront là-bas, là-haut, en-bas, que *the glory is in you*, que tu es splendide, que ta vie compte et que derrière toi y’a les ancêtres qui blaguent pas, mais aussi les chouwafa attentives, les mères tattouées et maîtresses du temps, les frères en fleurs du quartier et de l’autre côté de la mer, les soeurs qui ont sorti les armures et qui veillent sur toi.

    © Tarek Lakhrissi
  • dans mon souvenir / je me suis considéré île et désert/ loin de tout / i know it hurts / bâtard motherfucker de mes deux / loin dans le désert tu me trouveras / déjà si loin, loin, loin / entre les rochers, les serpents / ma voix sera loin, loin, loin

    © Tarek Lakhrissi
  •  » henniti ?  » — my mom did some henna on my hands and fingers last time I went for visit. I had the chance to spend a whole night with her, my aunt and my sisters listening to funny gossips but also heavy stories until late. I felt i was a part of them, of the *conciliabule* they created – across genders. I felt i was a part of their stories. an alien, from the outside and the inside. each time a man were coming in and disrupting that special space, they automatically changed their stories and talked about more general stuff. i asked to myself  » how do they perceive me ?  » — last heir, last habibi, last night thoughts. on dit que c’est un soleil sur la paume.

    © Tarek Lakhrissi
  • en faisant bonne figure
    tu t’es défiguré ces doigts
    qui t’apprenaient à écrire
    de droite à gauche
    et tes lettres (déjà?)
    d’une autre langue
    ne voulaient plus dire
    (comment dire?)
    la même histoire.
    crâné à l’envers,
    bouche décousue,
    cils de météores
    espoirs, champs
    vides de sens.

    © Tarek Lakhrissi