© Fatum

Photon

Déambulations vagabondes, entre lumières et ombres.
  • Faute-au-sensible

    *

    Les pas se dépêchent
    Le minaret appelle, rappelle
    Le disque jockey décroche:
    « Votre correspondant est injoignable »,
    Répond le Un.

    Cheveux blonds sur fond velu
    Les loups se languissent des lunes
    La toison se laisse aspirer
    Jusqu’au fond des gorges
    Jusqu’au fond des grottes.

    Cheveux bruns sur fond rasé
    Les loups ne se supportent plus.
    Pourvu que nous puissions pleurer
    Pourvu que nous puissions encore
    Chier de l’or.

    © Fatum

    Poussières au vent, le rideau
    Se tire. Épilogue et requiem.
    Le chœur hypocrite fume
    On entend l’orgue geindre.
    Une Autre n’est plus.

    M et N se regardent.
    L’air est lourd. L’Homme,
    Vaincu légèrement. Verrais-je
    La lux moi aussi. Vous quitterais-je,
    Cité de mes deux. Pute stratégique.

     Là-bas, dans l’Herbe se fume le rêve.
    Je n’ai plus de foi. La prison est vaste
    Elle nous recueillera, elle.

  • DIAPHRAGME

    *

    Dans l’antichambre du rectum
    Se faufilent les gardes. Erratum
    Scande l’alarme, membre brandi
    Au-dessus du corps aimé/ maudit

    Je regarde aussi par les trous foncés
    Mais je défend les serrures défoncées
    Je voit, zoom, (se) retourne. Sur les pas
    De H, de M, de F, de E D C B A…

    Fondu. Nous est devant un piano.
    Quatre mains dévorent le silence.
    Nous rêve de se jeter à l’eau,
    De fondre ou fonder ou fendre l’enfance.

    Cut. Voix off pour Je on the edge.
    Je vois la mère sous-titrer le malentendu.
    Le rationnel fou accourt, furieux, odieux.
    Que n’ai-je? Que n’est Je?

    Refondu sur la promesse d’une image.
    Nous attend un train raté. Ratage
    Final pour un dernier tango à Paris.
    La pellicule crépite. La brûlure. Le pari.

    Cut. Plan séquentiel de terre perdue.
    L’exil du Tu aboutit. Le vide aboit.
    Tunis est déjà oubliée. Ce qui est du…
    Nous n’existons pas ici. Bobine sans voix.

    © Fatum

    Coupe. Approche. Caresse
    Les lettres. Pianote sur notre alphabet.
    Le кот nous a abandonné. Cesse,
    Nous avons nous-mêmes largué
    La lame sur eux, puis sur nous,
    Puis sur notre solitude.

    Venez monsieur le gendarme,
    Voyez la peau mutilée,
    Avez-vous des objections,
    Des menottes, des camisoles ?
    Non? Vous ne désirez que les trous?
    Soit, baissez-vous.
    Baisez-nous.

  • L’idylle de Winston

    *

    Le président fredonne, l’hymne
    Crève les tambours. Les hymens
    Sont des frontières. Haines
    Dépucelant de sa foi l’enfant.

    Les hyènes de la chambre présidentielle
    S’étirent sur les lits de sa conscience
    Depuis le minaret, Méphisto sur le Ciel
    Assied le nouveau trône. Et s’annonce.

    Deux et deux font quatre et un
    Le quatrain est une constitution
    Le Coran, un marque page. Un liant.
    Conjonction étatique reliant
    Des corps sans organes
    Des bâtisses grises
    Des geôles.

    Prison tu fus. Prison tu redeviendras.

    Je passe ses tentacules sur ta nuque
    Ça joue ses sonates sur ta peau
    Ça sème ses rêves sur ton ventre
    Je mange le temps puis panique.

    Ça panique. Ça pa pa pan panne pani pa nique ique hic. Hic et nunc, Je trouillard
    Ne te trouve pas, plus, n’y arrive plus.
    L’Etat aboit.
    Nous ses chiens?
    Nous pourtant chats.
    Nous surtout loups.

    Nous sur la pleine.
    Je sur ta peau fait deux plus deux
    Je crache, le tonton Sam gueule.
    Je caresse, ému, pourtant plein de haine.

    L’air que fredonne le président
    Lévite dans la brume
    Grincent les dents
    Des oreilles qu’on emplume.

    Les désirs s’éteignent.
    À nouveau, 2 et 2 font 5.
    Malgré ta peau.

    © Fatum
  • أربعين

    *

    A Bibi…

    Lettre immonde,
    Colis horrible,
    L’être reçoit l’étrange
    « Aujourd’hui ma mère est morte »

    Au quarantième jour,
    L’être reçu
    Au festin du Peuple.

    Des mains décrottent des nez;
    Des pieds déchirent des peaux,
    Des bouches démêlent des os.

    On trinque à la joie médiocre,
    On boit à la santé vaincue,
    On se souhaite la mort vaine.

    L’Homme, faut-il l’aimer?

    Se pose l’être parmi les siens
    La terrible question,
    S’offre hors des siens,
    La juste onction.

    Enduit, l’être immonde
    Croque dans sa paume,
    Aspire le rougeâtre,

    L’os se dévoile, démêlé.
    Les veines de l’être
    Rient.
    Le sang s’étale généreusement.

    Le nécrophage en deuil
    Lèche sa robe noire.
    La langue,
    Les dents,
    La bouche,.
    L’être vorace en deuil,
    Compose son déjeuner.
    Le Souvenir y laisse sa peau,
    Le deuil est consommé,
    Les larmes se versent
    Dans les verres de l’apéritif.

    © Fatum